Il
y a dix jours, Sport24, éditeur de sites et de
contenus d'information sportive, a assigné devant
le Tribunal
de commerce de Paris la société 20 Minutes,
éditrice du quotidien gratuit éponyme.
Motif de cette action : violation des obligations contractuelles
à l'occasion d'un renouvellement de contrat.
Cette assignation concernerait également Laurent
Trupiano, ancien directeur de la rédaction de
Sport24 qui a été licencié pour
faute grave en août 2002 (mais qui reste actionnaire
de la société), ainsi que trois anciens
collaborateurs de Sport24, qui ont fait l'objet d'un
licenciement économique début 2003.
Que
s'est-il passé entre les deux sociétés
qui travaillaient main dans la main pour la réalisation
de la rubrique Sport du quotidien 20 Minutes ?
L'histoire commence en mars dernier (et non en mars
2002, comme précédemment indiqué
par erreur). Le contrat qui lie les deux parties
doit arriver à échéance. Mais 20
Minutes et Sport24 ne parviennent pas à trouver
un accord pour une nouvelle signature. "Nous ne
souhaitions pas renouveler le contrat qui nous liait
à Sport24 car nous étions insatisfaits
des prestations et des tarifs", explique Hervé
Pointillart, président et directeur de la publication
de 20 Minutes.
L'histoire
aurait pu en rester là, sur un simple échec
commercial. Mais Sport24 estime que le processus a alors
dérapé en arrière-plan. "20
Minutes est passé par l'intermédiaire
des salariés en cours de licenciement économique,
toujours en poste chez nous, pour alimenter sa rubrique,
explique Frédéric Sitterlé, PDG
de Sport24. Ces salariés continuaient à
être rémunérés par Sport24
alors qu'ils transmettaient en sous-main des articles
pour 20 Minutes."
A
la suite de l'arrêt effectif de son contrat avec
20 Minutes en mars dernier, Sport24 est également
intrigué par le nouveau contact "Sport"
affiché sur le site Internet du quotidien ("20minutes@sportagence.com").
"En effectuant une recherche de propriété
de nom de domaine, nous avons constaté que l'URL
'sportagence.com' a été déposé
par le fils d'un ancien salarié de la société."
Autre découverte : Sport24 s'aperçoit
qu'une nouvelle société baptisée
Info et News, dont les statuts ont été
déposés au Tribunal de commerce de Créteil,
fait son apparition. "C'est une structure qui sert
d'écran, estime Frédéric Sitterlé.
Les actionnaires sont les anciens salariés de
Sport24 mis en cause dans l'histoire du circuit parallèle."
La
société Info et News alimente aujourd'hui
le quotidien gratuit en information sportive. Mais la
participation de Laurent Trupiano, ancien directeur
de la rédaction de Sport24, dans ce nouveau projet
serait incompatible avec une interdiction contractuelle
signée lors de son départ : celle
de monter une activité similaire à Sport24
pendant un an.
Du
côté de 20 Minutes, on tient à relativiser
cette assignation, qui, souligne-t-on, permettra d'abord
"d'éclaircir les relations troubles"
entre Sport24 et Info et News. Concernant le travail
qui aurait été effectué en sous-main
par des salariés de Sport24 pour le compte de
20 Minutes, Hervé Pointillart rejette en bloc les accusations.
"On ne s'amuserait pas à faire ça",
indique le président et directeur de la publication.
La première audience
du procès devrait survenir en septembre. "Le
montant des réparations demandées est
important mais il reste confidentiel", indique
Frédéric Sitterlé, PDG de Sport24.
Depuis la perte de son contrat avec 20 Minutes, Sport24
cherche à compenser la baisse de revenus inhérente.
Une tâche difficile alors que la société
a perdu un autre grand client issu du monde de l'Internet
cette fois-ci : Wanadoo.
"Pour sauver notre trésorerie,
nous avons pris des mesures afin de restructurer l'entreprise
et de trouver de nouveaux débouchés",
poursuit Frédéric Sitterlé. L'éclaircie
proviendrait de la vente d'espaces publicitaires en
ligne. Avec la forte actualité sportive (Roland
Garros, Coupe de la Confédération, Tour
de France), Sport24.com serait parvenu à attirer
de nouveaux annonceurs. "Sur le premier semestre,
nous avons affiché un bilan positif deux mois
sur quatre. Il nous reste à consolider."
Pour cela, Dominique Busso,
ancien directeur général d'EMW, est venu
renforcer l'équipe de Sport24 en début
d'année. La société est soutenue
par deux fonds d'investissement : Dassault Développement
et France Télécom Innovation Investissement.
Droit de réponse
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A
la suite de la parution de cet article, Laurent
Trupiano nous a fait parvenir un droit
de réponse qui figure dans notre page "Corrections
& clarifications".
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