Dernière mise à jour de Google : une fausse alerte qui doit faire réfléchir
Un changement de l'algorithme Google a été déployé entre le 7 et le 15 mars pour privilégier la qualité du contenu. Les sites éditoriaux et e-commerce ont été impactés.
Google modifie son algorithme plus de deux fois par jour tout au long de l'année. Le plus souvent, personne ne s'en rend compte. Mais deux ou trois fois par an, d'importantes mises à jour ont un impact notable sur les performances des sites. C'est ce qui s'est passé le 7 mars dernier. Pendant plusieurs jours, des sites ont connu une baisse importante de leur trafic, tandis que d'autres voyaient leurs résultats progresser. Pourtant, rien de révolutionnaire, selon Guillaume Robbe, responsable SEO technique chez Digimood : "Google a donné une direction sur le long terme et toutes les mises à jour vont dans le même sens. Cette mise à jour est un serrage de vis supplémentaire".
Selon Walid Gabteni, vainqueur 2017 de la compétition internationale de SEO lancée par Wix, ce sont les sites e-commerce et édito qui ont été touchés. Parmi eux, certains ont vu leur trafic baisser ou augmenter de plus de 30% en une journée. Olivier Duffez, fondateur de WebRankInfo, a aussi remarqué que les sites touchés par la mise à jour étaient les mêmes que ceux qui avaient fortement subi l'impact de la mise à jour de l'hiver 2017. "Ce sont souvent des sites avec un QualityRisk (compatibilité du contenu avec les règles de Google, ndlr) plus élevé que la moyenne. Il suffit alors qu'une zone du site soit jugée de moindre qualité pour dégringoler et entraîner le reste du site", explique-t-il. "Par ailleurs, les comparateurs et les agrégateurs ont subi des baisses, car on sait que Google préfère garder l'emprise sur ce type de service".
"Google a expérimenté une SERP de 40 résultats ou plus au lieu de 10"
Roland Debrabant, CEO chez Open Linking, et David Groult, consultant SEO/CESEO, ont aussi observé dans les résultats de la Search Console une baisse de la position moyenne sur une partie des sites e-commerce et édito de leurs clients sur la journée du 9 mars. Selon Roland Debrabant, qui a analysé les KPI Google sur les mots clés, "il y a eu un pic d'impressions sur des requêtes qui se trouvent au-delà de la première page de résultats". Des pics qui seraient dus à un test de Google sur les affichages de la SERP sur l'ordinateur : Google réfléchit à proposer une page de résultats plus longue et, selon Roland Debrabant, ils ont expérimenté pendant quelques heures sur 3 jours une page de 40 résultats ou plus au lieu de 10.
Or, la search console se base sur les premières pages de résultats pour calculer la position moyenne d'un site. Si, d'un coup, des pages sont prises en compte, mais toujours à des positions très basses, alors le positionnement moyen chute. Pour illustrer ce phénomène avec des chiffres, prenons un site dont 1 000 mots-clés s'affichent habituellement dans les premières pages de résultats et sont enregistrés dans les reports de la Search Console. Le 9 mars, il y a eu subitement 2 000 mots clés entrant dans le calcul, soit 1 000 de plus que d'habitude, correspondant à des requêtes situées entre les positions 50 et 100. La position moyenne du site a alors baissé parce que des données nouvelles ont été prises en compte l'espace d'une journée. "Nous avons observé ce scénario uniquement sur l'ordinateur. Le smartphone et la tablette n'ont pas été impactés", précise Roland Debrabant. Selon lui, le 9 mars a été la réplique la plus forte d'un phénomène de moindre importance apparu aussi les 21 janvier et 14 février 2018.
"Depuis un mois, le temps d'affichage des résultats Google est un peu plus rapide sur mobile que sur desktop"
Certains experts du SEO ont également remarqué une hausse de la détection des pages d'erreur 404 dans la Search Console, mais elle a commencé 3 jours avant le lancement effectif de la mise à jour de l'algorithme de Google. "Il est probable que cela soit simplement le résultat d'une accélération générale de l'exploration des pages par les robots avant la mise à jour", commente Walid Gabteni.
"Il n'y a pas de réparation pour les sites impactés par la mise à jour, à part rester concentré sur la construction d'un contenu de qualité", a déclaré Google sur Twitter le 12 mars. Les grandes évolutions de l'algorithme comme Panda ou Penguin, s'accompagnaient jusqu'à présent de consignes pour remonter les performances des sites pénalisés. Le discours a changé. En effet, selon Olivier Duffez "on connaît maintenant les attentes de Google pour améliorer l'expérience utilisateur. Mais John Mueller, webmaster et trends analyst chez Google, a dit qu'il fallait un choc violent d'amélioration pour permettre à un site de ne plus être impacté par chaque mise à jour. Supprimer 80% des pages d'un site parce qu'elles ne génèrent pas plus de 2% de trafic, par exemple, cela donne au robot l'occasion de recrawler les bonnes pages et de les mettre en valeur".
Le mobile first est aussi évoqué comme facteur probable impliqué dans la dernière mise à jour. "Google avance très progressivement pour permettre au maximum de sites de s'adapter au basculement", explique Guillaume Robbe, de Digimood. "Donc vraisemblablement, chaque mise à jour va un peu plus dans ce sens. Depuis un mois, on remarque un temps d'affichage un peu moins rapide sur le desktop que sur le mobile."