Cette entreprise publique paie ses salariés à ne rien faire... pour réduire l'absentéisme
Une logique qui peut étonner, mais qui peut s'expliquer quand on se plonge dans le contexte dans lequel évolue l'entreprise en question.
A quelques mois des Jeux olympiques de Paris pendant l'été 2024, plusieurs syndicats des transports et de la fonction publique ont brandi des menaces de grève, avec des préavis qui couvraient totalement la durée de l'événement planétaire, Jeux paralympiques compris. En toile de fond de ces conflits sociaux, le mécontentement suscité par la réforme des retraites, qui avait déjà entraîné d'importantes grèves en début d'année. Pour les syndicats, les JO offraient donc une formidable opportunité de mettre la pression à leur direction respective. Entre le trafic accru attendu qu'il faudra gérer et les répercussions sur l'image de la France à l'international, les entreprises de transports étaient particulièrement vulnérables.
C'est dans ce contexte qu'un accord a été trouvé entre la direction de la SNCF et, une fois n'est pas coutume, l'ensemble des syndicats représentatifs. Un accord dont l'entreprise à capitaux publiques n'a sans surprise pas souhaité chiffrer précisément le coût. Il se compterait cependant en dizaines de millions d'euros par an selon les critiques émises, voire 300 millions par an selon l'Ifrap, un organisme qui a fait de la lutte contre la dépense publique son cheval de bataille.
Cet accord prévoit en particulier une "cessation progressive d'activité" pour les cheminots et les contrôleurs en fin de carrière. Cette "cessation progressive d'activité" consiste pour l'essentiel à rémunérer des salariés qui n'auront pas besoin de travailler pour cela.
Concrètement, les cheminots travailleront à 100% pendant 15 mois, puis seront dispensés de travail les 15 mois suivants tout en conservant 75% de leur rémunération. Un système plus avantageux encore est prévu pour les contrôleurs, sur 36 mois : 18 mois travaillés payés à 100%, 18 mois sans travail payés à 75%. Pour les syndicats, ces nouveaux avantages sont légitimes face au recul de l'âge de départ à la retraite. Ils mettent aussi en avant la pénibilité de certains métiers à la SNCF.
La justification de la SNCF est en revanche plus étonnante. D'après elle, cet accord diminuera l'absentéisme et favorisera l'implication des salariés. Payer des gens à ne pas venir travailler pour diminuer le risque qu'ils ne viennent pas travailler, cela pourra en étonner certains.
A noter que l'accord prévoit également la création d'un nouvel échelon en fin de carrière, sur lequel sera calculée la pension des cheminots, qui est justement basée sur les six derniers mois d'activité. Un mode de calcul que l'on retrouve dans la fonction publique, mais pas dans le privé.
Pour les salariés du secteur privé en effet, ce sont les 25 meilleures années qui sont retenues. Un système bien moins avantageux, évidemment, les derniers mois d'une carrière étant mécaniquement ceux les mieux payés dans la fonction publique.