Transformation numérique : sept documents qui ont changé le cours de l’histoire
De la pierre de rosette, en passant par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, le traité de Rome ou encore le traité sur l’Antarctique, les documents rythment le monde et les entreprises.
lls ont marqué et façonné l’histoire de notre société et impactent la manière dont sont gérés les gouvernements, les établissements d’enseignement, les familles et même de mouvements sociaux entiers : tout est affaire de contrat, tout passe par un document. En effet, si l’on examine les changements ou actions déterminants qui ont eu lieu tout au long de l'histoire, depuis les plus hauts niveaux de gouvernement jusqu'aux familles, les documents sont au cœur de chacun.
Alors que les médias mettent chaque jour en lumière de nouveaux accords à l’instar du récent contrat de mariage entre Peugeot et Fiat ou l’annonce de l’acquisition plus tôt cette année d’Altran par Capgemini, pour ne citer qu’eux, il est intéressant de se pencher sur une sélection de documents monumentaux qui ont changé le cours de l'histoire, de l'encre médiévale sur parchemin, en passant par les droits humains jusqu’aux lois sur le numérique.
Magna Carta, 1215
Le premier document officiel à aborder le sujet des droits de l'homme et des libertés remonte à l'Angleterre médiévale. La Magna Carta, qui a été créée à la suite de négociations entre le roi Jean et ses barons, comprenait une clause célèbre qui, pour la première fois, accordait à tous les « hommes libres » le droit à la justice et à un procès équitable. Et alors que cela s'appliquait à très peu de gens à l'époque - la plupart des individus en 1215 étaient des paysans non libres gouvernés par leurs propriétaires - cette seule clause a influencé les gouvernements, les législateurs et les dirigeants de toutes sortes au cours des siècles qui ont suivi. La Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776) et la Déclaration universelle des droits de l’homme (1789) contiennent toutes deux les idéaux issus de la Magna Carta - la conviction que tout le monde, y compris nos dirigeants, doit respecter la loi.
Bible de Gutenberg, 1455
Si l’on met de côté l’aspect religieux, la Bible est incontestablement l'un des documents les plus influents de notre histoire. La Bible de Gutenberg, du nom de son créateur, Johannes Gutenberg, est le premier livre complet imprimé à partir de caractères mobiles, et qui a préparé le terrain pour la production imprimée.
La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, 1789
Signée le 26 août 1789 par l'Assemblée nationale constituante formée de députés issus des trois ordres : clergé, noblesse et tiers-état, il s’agit d’un texte fondateur de la Révolution française et inspiré du modèle de la Déclaration d'indépendance des États-Unis de 1776 – document le plus célèbre de l’histoire outre-Atlantique. Ce document clé a pour vocation d'affirmer un ensemble de droits naturels et inaliénables dont doit pouvoir jouir chaque individu. Il sert notamment de préambule à la Constitution de 1791 qui confirme le transfert de la souveraineté du roi vers la nation.
Code civil de Napoléon, 1804
Le Code civil des Français, appelé usuellement « Code civil », « Code Napoléon » ou « Code napoléonien », a été rédigé le 21 mars 1804 et regroupe les lois relatives au droit civil français, c’est-à-dire l'ensemble des règles qui déterminent le statut des personnes, celui des biens et celui des relations entre les personnes privées. Le Code civil, tant en France que dans l’ensemble de l’Europe, ancre dans les mentalités les droits fondamentaux d’égalité de l’homme et du citoyen, de liberté de conscience et d’expression, et de protection de la propriété. Il constitue encore aujourd’hui l’une des bases du droit français.
Traité de Versailles, 1919
La signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 met officiellement fin à la Première Guerre mondiale. Il est négocié entre les puissances alliées, avec une participation moindre de l'Allemagne. Le document était long, composé de 15 parties et de 440 articles, qui réaffectaient les frontières allemandes, attribuaient la responsabilité des réparations et réduisaient les forces armées allemandes à des niveaux très bas. La première partie du traité a créé le Pacte de la Nouvelle Société des Nations, un groupe diplomatique créé pour résoudre les différends entre les pays avant qu'ils ne dégénèrent en guerre.
Cette loi de droit international est un document qui définit les modalités selon lesquelles un État doit accorder le statut de réfugié aux personnes qui en font la demande, ainsi que les droits et les devoirs de ces personnes. La Convention de Genève est un document juridique clé ratifié par 145 États : elle définit le terme « réfugié » et énonce les droits des personnes déracinées, ainsi que les obligations juridiques des États les protéger.
Loi informatique et libertés et création de la CNIL, 1978
Inscrite dans le cadre des droits de l’homme, la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 pensée dès 1970 par Michel Poniatowski, ancien Ministre de l’Intérieur sous Valéry Giscard d'Estaing, étend les droits de l’homme à la sphère numérique. Avec cette loi, est également créée la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). La France rejoint ainsi l’Allemagne (1971) et la Suède (1973) sur ces questions. Ensemble, elles initieront les législations européennes de 1981, inspirant la Convention du Conseil de l'Europe sur la protection des données la même année, ainsi que les Lignes directives pour la réglementation de fichiers de données personnelles automatisées en 1990. La « loi informatique et libertés » constitue une étape clé pour l’avenir des documents et les processus de transformation digitale actuels.
De tous temps, les documents ont joué un rôle essentiel dans les sociétés, permettant de les définir, de les comprendre et d’en décrire le fonctionnement. Si les formats évoluent, l’histoire, quant à elle, doit reposer sur ces écrits pour avancer et être transmise. Cette liste non-exhaustive de documents historiques a pavé le terrain de la transformation numérique actuelle des entreprises et des institutions. Sans l’héritage de ces accords passés, siècles après siècles, le monde tel que nous le connaissons ne serait sans doute pas le même. C’est pourquoi si le format change, la documentation des événements clés du monde se perpétuera, portée par les nouvelles technologies pour les conserver et en démocratiser l’accès.