L'Hyperloop franco-canadien Transpod lève 10 millions de dollars, bientôt 20
La start-up s'entoure de nouveaux partenaires industriels comme EDF et Arcelor-Mittal afin de préparer de premiers tests de sa technologie en France.
Transpod engrange de nouveaux financements pour sa quête de l'Hyperloop, ce train sous vide censé dépasser les 1 000 kilomètres par heure, mais qui doit encore prouver sa faisabilité technique et sa viabilité économique à grande échelle. "Nous avons sécurisé 70% des fonds dont nous avons besoin", annonce au JDN son co-fondateur et PDG, le Français Sébastien Gendron. L'entreprise, basée au Canada et qui effectue une partie de sa R&D en France, a levé dix millions de dollars en capital et cherche à en lever dix autres. Auxquels viendront s'ajouter une subvention de 30 millions d'euros de l'Union européenne et de la région italienne des Pouilles (autre territoire de R&D), conditionnée à la levée d'au moins trois millions d'euros additionnels. Ses rivaux américains Virgin Hyperloop One et Hyperloop Transportation Technologies ont respectivement levé 50 et 30 millions de dollars lors de leurs dernières levées de fonds.
En attendant de trouver ces nouveaux soutiens financiers, Transpod s'est entouré de partenaires industriels, qui vont l'aider à concevoir une ligne-test de trois kilomètres à Droux (Haute-Vienne), près de Limoges. Il s'agit d'EDF, de la Sade (une filiale de Veolia spécialisée dans les réseaux de canalisations) ainsi que du sidérurgiste Arcelor-Mittal. Si EDF va travailler sur une électrification assez classique du site, l'enjeu est plus important pour la Sade et Arcelor. La première s'occupera de toute l'ingénierie du tube, qui permettra de propulser l'Hyperloop, le second de sa construction et du choix des alliages les plus appropriés. "Leur objectif est de devenir nos partenaires exclusifs sur de futurs marchés en co-développant des technologies et de la propriété intellectuelle avec nous", précise Sébastien Gendron.
Ligne-test au printemps
Transpod devrait démarrer en février les appels d'offre auprès des différents fournisseurs qui l'aideront à construire cette ligne miniature afin de commencer les travaux au printemps. L'entreprise y expérimentera l'intégralité de son Hyperloop, à l'exception de la cabine et donc sans passagers. Elle assure que sa feuille de route technologique est achevée, ce qui devrait lui permettre de terminer la phase conceptuelle avant le printemps, pour passer ensuite au développement de trois prototypes à échelle 1 et d'une piste d'essai de dix kilomètres. L'objectif est de démarrer l'industrialisation en 2021-2022.
"On ne parle pas de réinventer la roue, mais d'intégrer des technologies et composants qui existent déjà à un système différent"
"On ne parle pas de réinventer la roue, mais d'intégrer des technologies et composants qui existent déjà dans l'aéronautique et le spatial à un système différent", rappelle Sébastien Gendron. Le défi sera plutôt de passer à l'échelle afin de réduire des coûts pas forcément pensés pour le transport de masse. "Par exemple, pour isoler le véhicule, il nous fait un joint d'étanchéité utilisé par la NASA, car ceux de l'aviation de sont pas assez robustes. Il coûte 15 000 dollars pièce. Si demain nous créions une ligne entre Toulouse et Paris, il nous en faudrait 200 dans une centaine de véhicules", illustre Sébastien Gendron.
A cet amalgame de technologies existantes s'ajoutent des innovations propres à l'entreprise, comme son nouveau système de détection Veillance flux, qui pourrait trouver preneur bien au-delà de l'Hyperloop. De la même manière que les voitures autonomes, ces engins font appels à des capteurs (caméras, lidar, radar, laser…) pour se repérer et détecter des modifications du tube, qui peut se dilater et se décaler de quelques millimètres en fonction de la pression. Sauf que l'Hyperloop évoluera dans le noir, compliquant la perception des capteurs. "Les travaux de notre cofondateur et CTO Ryan Janzen permettent aux caméras, via des filtres, d'augmenter la luminosité d'un environnement sombre ou d'éliminer un excès de lumière en extérieur", explique Sébastien Gendron. Il espère ainsi revendre cette technologie aux industries automobile et du drone, dont les capteurs peuvent être éblouis par le soleil, empêchant la détection d'un obstacle. Rien ne se perd et tout se transforme dans l'Hyperloop.