L'Impact et la RSE : des enjeux bien plus puissants que ceux du digital
Comme la digitalisation, la RSE et l'Impact atteignent tous les secteurs d'activité, toutes les tailles d'entreprise et tous leurs formes de gouvernance.
Impact, décarbonation, critères ESG, RSE. Ces termes étaient, il y a peu encore, employés de façon quasi-exclusive dans les milieux d’experts et de "convaincus". Aujourd’hui, on les retrouve partout, dans les médias, comme le monde de l’entreprise. Un parallèle semble alors facile à réaliser : comparer cette vague à la digitalisation des années 2000. Certaines similitudes apparaissent en effet immédiatement évidentes !
Comme la digitalisation, la RSE et l'Impact transforment progressivement les modèles économiques, et bousculent les schémas de pensée. Comme elle encore, ils se professionnalisent, creusant parfois l’écart entre les générations, et créant momentanément une pénurie importante de compétences. Pressés d’illustrer par l’exemple le potentiel de sujets tels que l’Impact et la RSE, nous avons alors été nombreux à y faire référence. A tort, et nous le savons désormais. Car si le digital nous a, lui, souvent pris par surprise, il a dans le même temps redéfini les règles du jeu, pour le meilleur, mais aussi parfois pour le pire. La règlementation s’est alors imposée – après l’appropriation des usages – pour tenter de réguler les conséquences trop indésirables. Les grandes plateformes de location d’appartements ou de services de chauffeurs en sont des exemples emblématiques, ainsi que toutes celles qui vivent de la captation et la revente de nos données personnelles par ailleurs !
Ayons l’humilité de reconnaître que pour la RSE et l’Impact, le schéma est diamétralement opposé. Si la quête de sens s’impose aujourd’hui pour attirer les collaborateurs et les consommateurs, c’est la plupart du temps la règlementation qui contribue à faire évoluer les pratiques de nos entreprises vers des modèles d’affaires plus responsables. Elle est bien entendu soutenue, et grandement, par des investisseurs qui - eux aussi soumis à une règlementation en faveur d’une transition écologique et sociale – participent à ce cercle vertueux. Quant aux entreprises plus petites ou moyennes, qui se construisent avec un modèle de production local et un partage juste de la valeur, plusieurs d’entre elles réclament régulièrement d’avantage d’aides et de contraintes règlementaires. Elles évoluent encore aujourd’hui dans un modèle concurrentiel qui ne reconnaît la performance que si celle-ci est financière. Par conséquent, elles partent avec un handicap, notamment en ces temps d’inflation et d’envolée des prix de l’énergie.
La RSE n’est pas le digital car elle nous invite non pas à réagir, mais bien à agir en amont. Il ne s’agit pas d’esprit de conquête, ni de s’imposer pour prendre des parts de marché à un concurrent. Il s’agit d’être proactif et de coconstruire avec l’ensemble des parties prenantes. La RSE et l’Impact nous poussent et nous incitent à redéfinir la notion de performance et de succès : une performance financière, au service d’une performance sociale et environnementale. La RSE et l’Impact nous permettent in fine de redéfinir la place et le sens que l’on veut donner à l’entreprise dans son écosystème, et dans la société toute entière… Donc non, la transformation des business models impulsée par la RSE et l’Impact n’a rien de commun avec celle qui est favorisée par le digital. Elle est à la fois plus exigeante, mais aussi plus contraignante, puisqu’il s’agit en premier lieu de coconstruire un nouveau projet de société, qui nous permette de vivre dans un monde juste et durable.