En 2023, le secteur de l'assurance dommages devra poursuivre sa dynamique d'innovation face à l'instabilité du monde
Il y a un an, le secteur de l'IARD concentrait principalement ses choix technologiques sur l'amélioration du service aux assurés ; mais l'année 2022 est venue rebattre les cartes.
Les dynamiques en cours à travers le monde aujourd’hui – inflation, incertitude économique, blocage des chaînes d’approvisionnement, changement climatique – impactent fortement le secteur de l’assurance et le forcent à considérer de nouveaux enjeux plus transverses et mondiaux. L’enjeu de résilience opérationnelle des entreprises, devenu majeur, représente une opportunité pour les assureurs, dont les clients veulent se protéger au maximum en période d’instabilité.
Face aux bouleversements actuels, le SaaS reste la meilleure réponse
Cette question de la résilience opérationnelle vaut aussi pour les sociétés d’assurance elles-mêmes, qui doivent gagner en réactivité face au changement. Pour cela, la technologie joue un rôle important, car les systèmes informatiques sont au cœur des activités assurantielles. Le recours à des infrastructures externalisées en mode SaaS, qui faisait jusqu’à l’objet d’une adoption prudente, est désormais perçu comme un facteur de stabilité. En effet, il apporte non seulement de la flexibilité, mais aussi une sécurité informatique assise sur les investissements conséquents des acteurs du Cloud.
Le risque cyber ne va pas s’affaiblir
L’impact croissant de la sécurité informatique touche d’ailleurs toutes les entreprises. Selon Swiss Re, l’assurance cyber ne couvre aujourd’hui que 10% des besoins ; difficile pourtant d’imaginer que le niveau d’assurance cyber soit multiplié par dix, dans un contexte de tension sur les capacités. Quels sont les freins qui empêchent de faire progresser ce marché ?
Premièrement, les assureurs ne disposent ni des données, ni des capacités d’analyse adéquates. Or l’évaluation, la compréhension et l’agrégation du risque cyber, dans toute leur complexité, sont nécessaires pour que les assureurs puissent jouer correctement leur rôle.
Deuxièmement, cette situation d’incertitude face au risque est exacerbée par la rapidité des évolutions. Certes, la récente loi LOPMI permettant d’indemniser les rançons après le dépôt d’une plainte apporte au secteur une clarification juridique sur le risque de ransomware. Mais la sophistication des attaques cyber ne cesse de croitre, comme le montre l’émergence des "deep fakes".
Pour se prémunir financièrement, les grandes entreprises font un recours croissant aux captives d’assurance cyber – une voie néanmoins hors de portée de vastes segments du marché.
Les assureurs devront prendre la mesure du changement climatique, dans le sillage de 2022
L’année 2022 établit un nouveau record pour les évènements climatiques (grêle, sécheresse, incendies de forêt…). Ce constat s’inscrit dans une tendance de long-terme, qui aura des répercussions sur la façon dont les assureurs adressent ce type de sinistres.
Pour cela, ils pourront tirer parti de modélisations par l’intelligence artificielle, complétées par l’imagerie par satellites ou par drones, pour fournir les premières évaluations de dégâts et orienter automatiquement les traitements de dossiers.
Pour aller plus loin, les acteurs de l’assurance devront se mobiliser et se montrer plus proactifs sur le thème du changement climatique. Les données auxquelles ils ont accès sur les risques climatiques et leurs impacts sont un atout pour devenir force de proposition pour la prévention. Le champ de la sélection des risques sur la base de modèles prédictifs, ou du moins leur tarification adéquate en fonction des évolutions climatiques, pourrait ainsi s’étendre de la définition des couvertures de réassurance à l’amélioration de la souscription de risques individuels.
L’assurance, un service du quotidien
L’émergence de nouveaux risques, ou de risques accrus, signifie également que l’assurance devient davantage partie prenante de nombreuses décisions des entreprises comme des particuliers. Cette tendance se manifeste également dans le développement de l’assurance embarquée, qui positionne l'assurance dans la chaîne de valeur d’un nombre croissant d’achats, notamment dans l’univers de la mobilité (voiture, vélo, voyages…).
En s’intégrant dans une comparaison de valeur consolidée, l’assurance embarquée peut permettre d’éviter la dévalorisation des besoins de protection dans un contexte d’inflation et de budgets clients fortement contraints.
Enfin, le marché de l’assurance dommages attire encore de nouveaux entrants, porteurs de solutions innovantes. L’agrément comme assureur accordé à Descartes par l’ACPR illustre le potentiel de l’assurance paramétrique pour réinventer les couvertures des entreprises. Et l’incursion d’Amazon sur le marché de l’assurance habitation au Royaume-Uni montre l’appétence pour une compétitivité accrue grâce aux enseignements tirés des données.
De nouveaux défis, mais aussi de nouvelles solutions technologiques : les principales prévisions et tendances pour l’année à venir sont étroitement liées aux nouvelles préoccupations qui touchent l’ensemble de la planète.