La facture mobile : une alternative à Paypal pour les micro-paiements ?
En pleine guerre concurrentielle sur la 4G, les opérateurs français ont trouvé un terrain d'entente avec le paiement en ligne sur facture opérateur, qui leur permet de combattre des ennemis communs tels que Paypal. Le principe : payer des achats sur mobile (SMS+) ou Internet (Internet+) à l'aide de son numéro mobile.
Lancé l'an dernier, ce nouveau moyen de paiement doit faire face aux solutions bien implantées comme Paypal ou le paiement direct par carte bleue. Souffrant encore d'un manque de visibilité, le paiement sur facture apparaît pourtant comme une vraie alternative sur le créneau spécifique du micro-paiement (achat inférieur à 15€), aussi bien pour des achats sur mobile ou Internet mais aussi pour l'ensemble des micro-paiements de la vie quotidienne (parking, timbre …).
L'achat sur Internet : une multitude de moyens de paiement
L'année 2013 aura été marquée par un tassement relatif des ventes en ligne puisqu'elles n'ont attiré que 5% de nouveaux clients, soit quatre fois moins que l'année 2012. La crise est passée par là : les consommateurs ont réduit leur volume de dépenses avec une tendance au repli sur les habitudes qui a privilégié le commerce traditionnel. Il n'empêche, ce relatif tassement des ventes ne devrait à terme pas perturber la croissance du commerce électronique : le montant global devrait même atteindre pour la première fois le seuil des 50 milliards d'euros en 2013, en croissance de 15%. Parallèlement à la montée en puissance des ventes en ligne, le nombre de moyens de paiement s'est considérablement étoffé : carte bancaire, portefeuille électronique de type Paypal, carte prépayée et depuis l'an dernier, donc, le paiement sur facture opérateur. SMS+ et Internet+ étant les deux solutions principales de paiement sur facture : la première permettant d'effectuer des achats directement sur son mobile et la seconde via son ordinateur.
Les opérateurs ont une carte à jouer sur le registre des micro-paiements
La facture mobile peut-elle s'imposer face aux autres moyens de paiement déjà bien implantés type Paypal ? La solution dispose en tout cas de sérieux atouts pour devenir une alternative crédible, avec en premier lieu sa simplicité d'utilisation : pas la peine de fournir son numéro de carte bleue ou de créer un portefeuille électronique, il suffit de valider son achat à l'aide de son numéro mobile pour qu'il soit directement prélevé sur sa facture mobile. L'opération prise en charge par les opérateurs permet d'éviter les éventuels incidents de sécurité liés à la divulgation du numéro de carte bancaire. Elle offre enfin l'avantage de disposer d'un nombre d'utilisateurs potentiels qui correspond au nombre d'utilisateurs de mobile en France, soit 97% de la population française. Lancé en juin 2012, les SMS+ ont engrangé l'envoi de 20 millions de SMS pour 665 millions de revenus lors des 6 premiers mois.
Autre aspect à prendre en compte, les différents moyens de paiements ne jouent pas forcément dans le même registre : la facture sur mobile étant réservée essentiellement aux paiements d'un faible montant, en général inférieur à 15 euros. Des micro-paiements qui se sont multipliés avec l'essor des applications ou des jeux sur mobile. La crise est aussi passée par là puisqu'elle a entraîné une diminution du montant des achats en ligne ce qui a logiquement augmenté le nombre de micro-paiement. Un point de vu confirmé par Marc Lolivier, délégué général de la Fevad : «L'effet crise joue surtout sur le montant moyen des commandes, qui a tendance à baisser. Mais la hausse du nombre d'acheteurs fait plus que compenser cette baisse». Si la carte bleue reste le moyen de paiement privilégié des consommateurs en ligne, il présente ses limites sur les micro-paiements. Une étude publiée par l'AFMM (Association Française du Multimédia Mobile) portant sur 1027 internautes montre qu'en dessous du seuil de 9 euros une majorité de consommateurs se montre réticent à utiliser sa carte bancaire pour un achat en ligne. Un internaute sur quatre hésite même à l'utiliser pour un montant inférieur à 15 euros. Même constat du coté des portefeuilles électroniques : si le succès des solutions type Paypal ne fait pas de doute, 58% des internautes ne ressentent pas le besoin d'ouvrir un compte pour un paiement en ligne et 71% refusent de créer un portefeuille électronique lorsqu'un site marchant leur propose.
Si les opérateurs bénéficient d'une belle carte à jouer dans le registre du micro-paiement mobile, encore faudra-t-il qu'ils gagnent en visibilité du côté des internautes et des éditeurs : pour le moment seul un quart des internautes a déjà utilisé la facture mobile pour un achat en ligne. Une visibilité qui dépendra essentiellement de la capacité des opérateurs à convaincre les éditeurs (applications, jeux mobiles, sites Internet …) à utiliser leur solution de paiement. La puissance des opérateurs, qui jouent à l'unisson sur ce dossier, devrait jouer en leur faveur. Leur ambition est en tout cas à la hauteur de leurs moyens : la facture sur mobile devrait être étendue aux paiements de la vie quotidienne, type stationnement, transport ou loisirs. Et la demande est là : 38% des internautes estiment être prêts à utiliser cette solution de paiement pour des achats de la vie quotidienne. Un secteur porteur qui pourrait bien réconcilier, au moins temporairement, les opérateurs mobiles français.