Le cloud chez les décideurs IT dans le monde : un sentiment de complexité croissante malgré une adhésion toujours plus large
Selon une étude réalisée pour le compte de NetApp, le sentiment de complexité croissante du cloud en est à un stade critique sur les questions de la cybersécurité ou de l'optimisation des coûts.
En novembre dernier, NetApp diligentait un rapport auprès du cabinet d’études Wakefield Research afin d’établir un état des lieux international représentatif des demandes et des difficultés rencontrées par les entreprises dans la gestion de leurs environnements multicloud.
A travers un large panel de quelques 1300 décideurs de l’IT et des données, répartis au sein de neuf pays – Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Inde, Japon, Singapour et Australie/Nouvelle-Zélande – cette étude pointe après examen un enseignement majeur. Oui, l’adoption du cloud s’accélère, mais avec elle aussi un sentiment de gestion complexe !
En insistant plus particulièrement sur les quatre pays européens du rapport, et en les plaçant en perspective du « Baromètre du Cloud NetApp/IFOP » qui établissait déjà en 2021 une adhésion aussi large que mesurée des salariés européens dans les stratégies cloud, petit balayage des principaux enseignements à retenir de cette étude :
Un changement global de paradigme dans l’approche du cloud
Selon le rapport, le sentiment de complexité croissante du cloud en est à un stade critique avec pas moins de 98% des sondés partageant cette opinion, notamment sur les questions de la cybersécurité ou de l’optimisation des coûts. Avec plus ou moins de force selon les pays interrogés, il existe désormais pour les responsables informatiques une sorte de dilemme entre d’un côté la nécessité incontournable d’une transformation numérique de leurs infrastructures pour rester compétitives (notamment sur les questions de souveraineté des données pour 74% ou sur les objectifs RSE pour 79%), et de l’autre son pendant inévitable d’une complexité croissante de gestion avec la multiplication des environnements numériques ainsi générés. Autant de difficultés de mise en application qui peuvent engendrer dans les faits pour les sociétés de mauvaises performances informatiques, une perte de chiffres d’affaires ou bien encore des obstacles à une croissance de leurs activités.
Des stratégies cloud plus difficiles à concrétiser en Europe ?
Au regard des résultats de l’étude, ces difficultés reposent pour l’essentiel sur trois principaux points d’achoppement. Tout d’abord dans le suivi d’une cybersécurité optimale. Comparée aux 45% obtenus en moyenne sur l’ensemble des pays, cette problématique est fortement ressentie en Europe, avec en tête de liste la France (59%) ou l’Espagne (56%), suivies par l’Allemagne (48%) et le Royaume-Uni (44%). Au même titre que dans le « Baromètre du Cloud NetApp/IFOP », la sécurité et la garantie de confidentialité des données restent en Europe le premier critère d’importance dans le choix d’une solution de stockage de données dans le cloud. A titre de comparaison, ce point est abordé par exemple plus sereinement par les Etats-Unis et le Japon qui s’expriment tous deux en queue de peloton de l’étude à 41% quant à sa difficulté d’application.
La difficulté réside aussi dans le scepticisme accru des responsables dans les stratégies cloud déployées. Comparée aux 44% obtenus en moyenne, cette problématique est encore une fois plus nettement exprimée en Europe, avec de nouveau en tête de cortège la France (55%) et l’Espagne (54%), suivies de l’Allemagne (45%) et du Royaume-Uni (43%). Là encore les Etats-Unis, en bas du classement général de ce point avec 38%, ou l’Inde avec 40% des opinions exprimées, montrent moins de doute quant au bien-fondé des stratégies déployées.
Enfin, la difficulté s’exprime dans un personnel ne tirant pas pleinement parti des applications métiers mises en place. Au regard des 44% obtenus en moyenne, l’Europe n’est cette fois pas en tête de cette préoccupation, devancée par l’Australie/Nouvelle-Zélande avec 51% ou le Japon avec 49%. Mais qu’à cela ne tienne ! La problématique reste tout de même centrale pour l’Allemagne avec 49% ou pour la France avec 47%, alors qu’elle se situe à 42% pour le Royaume-Uni et à 41% pour l’Espagne. Comparé au « Baromètre du Cloud NetApp/IFOP » qui mettait déjà en avant un fort sentiment de manque d’innovations dans les services cloud déployés, ce rapport montre que l’Europe reste encore pour beaucoup en recherche de plus d’efficacité opérationnelle.
L’intelligence artificielle pour faire face aux défis techniques et organisationnels
Des verrous techniques sont la première source de difficultés pour 88% des sondés dans leurs déploiements cloud, avec au premier rang tout ce qui a trait à la mobilité des données. Préoccupation forte en Allemagne (41%) ou en Espagne (37%), elle est par contre plus mesurée en France (31%) ou au Royaume-Uni (27%), la moyenne de l’étude se situant à 33% des opinions exprimées. A contrario et toujours selon un angle global, des verrous organisationnels constituent plutôt la première source d’obstacles pour 50% des sondés, que ce soit notamment par un manque de vison claire sur la stratégie suivie ou par un scepticisme accru des directions sur les ROI attendus lors d’une transformation numérique.
Concernant le manque de vision, ce sentiment est encore clairement exprimé en Europe avec dans l’ordre la France (38%), l’Espagne (37%), l’Allemagne (34%) et le Royaume-Uni (31%), la moyenne se situant à 32% des opinions exprimées. Quant au second point sur le ROI, cela représente tout simplement, pour 49% des cadres IT interrogés, le sujet prééminent dans toute discussion sur une stratégie cloud, avec au niveau des disparités régionales une considération encore plus forte en Europe (56%) que pour l’APAC (50%) ou les Etats-Unis (44%). L’étude publiée récemment par le cabinet Forrester, portant sur l’impact économique à attendre d’un déploiement de la solution FSx-N d’Amazon Web Services et qui statue sur un ROI de 61% après trois ans, illustre bien notamment cette problématique centrale des entreprises. Et à travers elle finalement cette capacité qu’ont aujourd’hui des hyperscalers tels que AWS, Google Cloud Platform, Microsoft Azure ou OVHcloud, d’y répondre avec leur large éventail de services cloud innovants.
Pour débloquer tous ces verrous, les sondés font majoritairement le choix de solutions d’intelligence artificielle. D’ici la fin 2023, 37% des responsables interrogés affirment ainsi que la moitié au minimum de leurs déploiements cloud seront pris en charge par de telles applications. Un chiffre qui ne fera que croitre ensuite selon 59% des sondés à l’horizon 2030. Dans cet élan vers la nouvelle décennie, la France et le Japon (73%), ainsi que les Etats-Unis (65%), sont les pays affichant les plus hautes ambitions, loin par exemple devant les 43% de l’Allemagne ou les 46% de l’Espagne.
Enfin, et une fois n’est pas coutume, il est à noter que les PME (comprendre ici en dessous de 250 employés) seront celles qui porteront le plus cet élan vers des solutions d’intelligence artificielle avec respectivement, dans les mêmes bornes temporelles de 2023 et 2030, 46% et 63% d’intentions de réalisations face aux 28% et 54% de leurs consœurs de plus grande taille.