Aldebaran dévoile uLink, son nouveau robot pour le BtoB
L'entreprise de robotique française destine son nouveau robot à pallier la pénurie de main d'œuvre dans différents secteurs, en particulier en santé et en logistique.
Le tablier de serveur remisé au placard, c'est dans un look plus industriel, tout en gris, qu'est présenté au salon Vivatech le nouveau robot d'Aldebaran, entreprise de robotique française racheté il y a deux ans par l'allemand United Robotics Group. Nommé uLink, ce robot a été développé dans l'optique de toucher un large éventail de secteurs, quand son prédécesseur, Plato, était destiné au domaine de la restauration uniquement. "Nous avons voulu un seul robot pour différentes tâches", souligne Jean-Marc Bollmann, directeur général d'Aldebaran en France.
uLink a été conçu pour répondre à la pénurie de main d'œuvre sur le marché et pour soulager la pénibilité au travail. Le premier secteur visé est celui de la santé. "uLink peut apporter du matériel aux soignants, les plateaux repas ou des médicaments aux personnes hospitalisés, les draps ou les produits de nettoyage pour l'entretien des chambres ou encore des échantillons dans les zones de laboratoires", énumère Jean-Marc Bollmann. La logistique fait également partie des secteurs auxquels uLink est destiné. "Il pourrait rapporter en rayon les produits abandonnés par les clients", indique Jean-Marc Bollmann, en affichant son souhait de travailler avec Ikea ou Decathlon.
Ce robot, dont le rôle est circonscrit à porter des charges, est commercialisé à 19 900 euros l'unité mais Aldebaran mise sur un service de location par abonnement. Dans ce cas, uLink est disponible à 700 euros par mois, pour un engagement de 36 mois. Aldebaran mise sur ce service de location pour affirmer la durabilité de ses solutions. "La batterie a une durée de vie de sept à dix ans, la location nous permettrait néanmoins la réutilisation des robots en fonction des besoins", anticipe Jean-Marc Bollmann.
5 000 exemplaires par an
Conçu pour préfigurer la troisième génération de robots dite CobiotX, uLink doit renforcer la relation homme-machine. "Ce robot a été développé sur la base d'une plateforme ouverte pour permettre aux clients d'y connecter des accessoires personnalisés, par exemple une serrure connectée ou un système de code RFID pour accéder aux produits transportés, notamment pour le service en chambre", détaille Jean-Marc Bollmann. uLink utilise pour sa part les connectivités wifi et 4G pour l'échange d'informations et se coordonner avec des robots d'autres marques. "Nous fonctionnons par prototype tous les trois mois : après un trimestre de conception, nous le testons avec un client pour adapter le POC en fonction des besoins", explique le directeur général de l'entreprise.
Par rapport à Plato (lire notre article Avec Plato, la société Aldebaran dévoile sa 3e génération de robots), qui est équipé de trois caméras infrarouges pour s'orienter, uLink utilise un capteur lidar 3D et une caméra stéréo active pour reconstruire les volumes. Il se recharge par induction. La charge pouvant être transportée passe de 30 kilos avec Plato à 60 kilos avec uLink. Dernière différence entre les deux modèles : le train roulant, entièrement repensé pour pouvoir emprunter des marches ou des pentes. Sept robots viennent d'être assemblés sur le site d'Aldebaran à Issy-les-Moulineaux, où travaillent une centaine d'ingénieurs en R&D, pour la présentation à Vivatech. L'industrialisation se fera ensuite en Europe. La prochaine évolution sur laquelle réfléchit l'équipe porte sur l'utilisation de plastiques biosourcés.
Aldebaran prévoit de produire plus de 5 000 uLink par an en s'adressant à l'ensemble des secteurs BtoB. Plato a été écoulé à 2 000 exemplaires en un an, dont 1 500 pour la holding japonaise Softbank, à qui appartenait auparavant Aldebaran. Les deux robots Nao et Pepper, qui ont fait connaître Aldebaran, ont quant à eux enregistré 40 000 ventes dans 70 pays. Jean-Marc Bollmann s'attend à d'importantes perspectives de marché : "Les soignants par exemple sont encore très peu au courant en France qu'ils peuvent travailler avec des robots. Selon une étude de la fédération internationale de robotique, la densité de robots dans l'industrie est de mille robots pour 10 000 personnes en Corée, en France ce chiffre ne s'élève qu'à 180 robots, le niveau d'adoption est encore loin d'être optimal." L'un des chantiers d'Aldebaran en 2024 portera donc sur l'éducation à la robotique.