Anxiété liée à l'IA : les dangers d'un mauvais alignement entre dirigeants et collaborateurs
L'IA est le progrès technologique le plus récent et sans doute le plus impactant pour les employés. Pourtant, son intégration ne doit pas être traitée comme un déploiement technique.
Le succès de l'adoption de l'IA ne repose pas uniquement sur les algorithmes et l'automatisation, mais également sur la mise en place d'une relation de collaboration et de confiance avec l’ensemble des collaborateurs. Manquer à ces obligations peut conduire rapidement à des opportunités manquées et des conséquences imprévues.
Dans la course effrénée à l'intégration de l'IA générative dans leurs structures, les entreprises sont confrontées à la promesse de gains de productivité mais aussi à l'anxiété croissante que l'IA alimente chez les collaborateurs. Goldman Sachs estime ainsi que l'automatisation liée à l'IA pourrait impacter jusqu'à 300 millions d'emplois à plein temps.
Alors que les entreprises distinguent rapidement le potentiel de l'IA, les dirigeants supposent généralement que leurs collaborateurs vont adopter, sans réserve, ces avantages. La réalité est bien moins évidente. Les études montrent qu'une grande partie des équipes internes reste sceptique quant aux avantages de l'IA et profondément inquiète face à ses inconvénients. Ce ressenti peut-être particulièrement marqué chez les professionnels IT, qui ont connu des années difficiles où il a fallu faire avec le manque de personnel et le changement des modèles de lieu de travail provoqué par la pandémie.
Les enjeux de la non-prise en compte de l'anxiété liée à l'IA
L'impact humain de cette anxiété doit devenir une priorité : ces inquiétudes sont fondées, et le bien-être mental et émotionnel des collaborateurs est primordial. Une récente étude de McKinsey prévoit que l'IA ne va provoquer qu'une perte minimale d'emplois, mais son impact réel reste incertain. D'après les estimations du secteur, même si l'IA ne remplace pas beaucoup de travailleurs intellectuels, elle risque de pousser à une réduction des salaires.
De plus, les conséquences potentielles d'une non-prise en compte de l'anxiété liée à l'IA vont au-delà du bien-être des collaborateurs. Cela a de profondes implications pour l'entreprise. Pourquoi ? Car la main-d'œuvre intellectuelle est un acteur essentiel de l'implémentation et du fonctionnement des technologies basées sur l'IA. C'est un pilier et quand les piliers ne sont pas sûrs, l'infrastructure devient instable.
Pour réussir à faire avancer la révolution que représente l’IA, les entreprises doivent s'assurer non seulement que leurs collaborateurs participent mais aussi qu’ils s’y engagent activement. Si une équipe (les personnes qui vont déployer l'IA, s'y former et l'utiliser) n'est pas du voyage, l’investissement risque de ne pas faire long feu.
Comment gérer avec succès l'anxiété liée à l'IA ?
Le fossé peut être comblé et les inquiétudes peuvent être apaisées. La première étape, c'est d'être honnête concernant le problème à affronter. Pour gérer avec succès cette situation, les entreprises doivent reconnaître les inquiétudes de leurs collaborateurs. Elles doivent aussi accepter le double rôle des collaborateurs, à la fois acteurs et bénéficiaires de l'IA. Elles doivent comprendre que l'adoption de l'IA n'est pas donnée et qu’il faut y travailler. Ce n'est pas un déploiement technologique, mais un virage stratégique.
Les dirigeants doivent être transparents, et bien communiquer sur la façon dont l'IA va impacter l'expérience, la productivité et l'évolution de carrière des collaborateurs. Les professionnels de l’IT, qui jouent un rôle essentiel dans la mise en place de l'IA, doivent activement collaborer à l'élaboration du calendrier de déploiement de l'IA. Et cela, surtout pour les aspects qui affectent les opérations IT et la sécurité.
Encourager une participation significative des collaborateurs non seulement facilite l'alignement mais améliore aussi la conformité. Dans un monde aussi nouveau et flou que celui dans lequel évolue l'IA, la confidentialité et l'intégrité des données ne sont pas négociables. Il en va de même pour la prise de conscience des préjugés humains face à l'IA. Pour les collaborateurs qui vont beaucoup utiliser ces outils, notamment les talents IT, proposer une formation continue qui les aidera à améliorer leurs compétences et à se sentir plus à l'aise avec ce virage stratégique peut être bénéfique. Aux personnes dont le rôle risque d'être minimisé ou rendu inutile par l'IA, envisager d’offrir des opportunités de reconversion professionnelle pour une transition vers des rôles moins affectés est aussi à prendre en compte.
Les entreprises doivent adopter une approche proactive de la gestion de l'anxiété liée à l'IA et garantir une transition fluide, en répondant dès le départ aux inquiétudes des collaborateurs au lieu d'attendre qu'ils expriment ces préoccupations. Si vous attendez les retours spontanés de vos collaborateurs, il sera peut-être trop tard. Votre premier signe que quelque chose ne va pas risque d’être les mauvais résultats commerciaux, et non pas des commentaires directs des collaborateurs. Le succès de l'implémentation de l'IA dépend donc de la reconnaissance des collaborateurs comme partenaires essentiels de cette évolution technologique.