Créer des visuels mémorables dans un monde saturé d'informations

Dans un monde saturé d'informations, il devient difficile de briller de par son originalité. Quel serait alors le chemin à emprunter pour décrocher le grand "Wahoo" ?

Salvador Dali disait “aucun chef-d’œuvre n’a jamais été créé par un artiste paresseux”, nous tenons là notre premier élément de réponse.
Donner vie à une création mémorable est donc en première réalité un travail de patience. Et, c’est en pratiquant suffisamment qu’on atteint l’objectif. La quête d’un bon visuel passe également par l'honnêteté vis-à-vis de soi-même : il faut oser les questions difficiles, accepter ses réponses et remettre l’ouvrage sur le métier plusieurs fois tout en faisant confiance à son intuition. 

Mon deuxième élément de réponse serait la curiosité, vive et dévorante qui anime les créatifs et les éveille au quotidien. Par les réseaux sociaux, les magazines, les livres, les musées, les expos, les voyages, les rencontres, ils construisent des bibliothèques d’images et de souvenirs qui alimentent leurs tiroirs de la psyché.

Utiliser ses “chocs émotionnels” 

Cependant, il y a des souvenirs qui vont servir plus intensément la création - tous types de création d’ailleurs - je les appelle LES CHOCS ÉMOTIONNELS

Qu’ils soient visuels, sonores, ou gustatifs, ces coups d’éclairs bouleversants restent gravés à jamais dans notre mémoire. Ils sont nos “j’aime & nos “j’aime pas”, sont l’origine de nos goûts - nos choix. Ces chocs construisent la créativité, créent la singularité, Ils vont construire toutes propositions artistiques. C’est à mon sens, l’élément de réponse à “un visuel mémorable” le plus probant.

Un souvenir “électroChoc” me vient à l’esprit : jeune fille en vacances sur l'île de Batz, je suis allée rendre visite à une vieille dame qui y avait une résidence secondaire, maison encombrée de photos à histoires et de tissus chamarrés incroyables, une décoration mêlant style colonial à un certain chic à la française. Plantée dans son grand canapé et moi dans un fauteuil crapaud, elle me conta sa vie “extraordinaire” : elle commença avec le portrait débonnaire de l’acteur Charles Bronson dont elle était proche parente (1er choc) puis elle me fit le récit de la rencontre de l’homme de sa vie, ancien ambassadeur d’une colonie française en Afrique. Par un discours passionné, elle me transmit son coup de foudre et, inconsciemment, me fit cadeau de son propre choc émotionnel “...quand il entra à cheval dans la cour de l’ambassade”. Je ressentis alors la lumière ambiante, la chaleur du climat, l’architecture d’époque, mais aussi la sensualité de l’instant ; pendant quelques minutes je vécus la grande puissance émotionnelle de ce moment, un instant suspendu. Plusieurs années plus tard, ce choc d’images exotiques reprit corps lors d’une Exposition sur le Mouvement Orientaliste au Château de Chantilly ; mon tiroir émotionnel était à nouveau grand ouvert, 2h30 d’exaltation, il devenait Inspirationnel pour des sujets Print à thème exotique où la couleur a une grande importance … 

Des chocs émotionnels nous percutent tout au long de la vie, nous en capturons des couleurs, des motifs, des compositions artistiques qui nous font sentir petits, tristes, gais, grands voir idiots, tel des enfants. Il faut décortiquer nos émotions et en déterminer leur origine. Architectes de nos créations, avec nos outils et nos méthodes issus de ces expériences vécues, nous pouvons ainsi créer des visuels uniques car nous sommes uniques.

“Les couleurs, comme les traits, suivent les changements des émotions” - Pablo Picasso définissait le rôle de la psychologie des couleurs dans le design et de la façon dont elles peuvent avoir un impact sur la manière dont les gens voient nos créations. 

Je ne serai pas aussi catégorique sur ce sujet : une création teintée de noir peut être chic pour certain et tristement sombre pour d’autres, tout comme le blanc est perçu soit zen soit clinique. Je crois donc que le Mémorable “visé” est plutôt obtenu par superposition ou association. 

S’assurer de délivrer le bon message

Trouver le bon assemblage pour être certain de livrer le bon message est mon troisième élément de réponse. 

Si je regarde le “monochrome bleu” d’Yves Klein, je sais qu’il suscite des réactions très différentes en fonction de nos profils. Si j'associe cette couleur si particulière à d'autres éléments, il soutient alors mon storytelling, le narratif dans lequel je souhaite embarquer mon public, l’émotion générale dans laquelle je deviens “mémorable”.
Le mémorable se mesure aujourd’hui aux taux d'audience et de débats.
“Le design est une solution à un problème ; l'art est une question à un problème. John Maeda” ce qui oppose le simple besoin à pourquoi j’en ai besoin. Un visuel mémorable sera celui qui vous posera “question” et ce sera un choc émotionnel …