Le réemploi en première ligne pour réduire l'impact carbone du BTP
La réglementation énergétique et environnementale RE 2020 a pour objectif de réduire l'impact carbone du secteur de la construction.
Car le BTP produit à lui seul 240 millions de tonnes de déchets annuels, d’après l’Agence de la Transition Écologique ADEME. Plus de la moitié d’entre eux ne font l’objet d’aucun traitement après avoir été jetés : les matériaux ne sont ni recyclés, ni réutilisés, ni réemployés. Ils sont enfouis ou incinérés.
Dans le même temps, les matériaux d’un bâtiment produisent 56% de son impact carbone sur sa durée de vie complète, selon le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). La majorité des matériaux sont actuellement importés et responsables d’émissions carbones non négligeables.
Une réponse aux enjeux climatiques
Le réemploi est justement une solution de construction positive face aux enjeux du réchauffement climatique. En effet, les matériaux de seconde main ne sont pas extraits des carrières. Ils ne sont également pas produits ou fabriqués dans des usines, ni transportés depuis des pays lointains. Réutilisés, ils n’auront pas à être gérés comme des déchets : enfouis ou incinérés. Le réemploi est une solution bas-carbone très efficace et pertinente pour continuer à construire tout en limitant les émissions de gaz à effet de serre. Il entre en complémentarité des filières biosourcées.
Revenir à un approvisionnement local
L’histoire du réemploi est étroitement liée aux problématiques de ressources. Depuis l’après-guerre, les matériaux de construction sont des matières premières extraites partout sur la planète, très loin des sites de construction. Si l’approvisionnement a longtemps été local, depuis la révolution industrielle, il ne l’est plus du tout. Tous les matériaux, tels que les métaux, les matériaux composites, les matières plastiques, les composants électroniques, le bois d’œuvre, ainsi que les matières minérales, sont la plupart du temps importés de pays lointains. Là-bas, l’extraction minière est florissante, la main d’œuvre est peu coûteuse et les normes environnementales beaucoup plus souples. On note néanmoins une exception notable pour certaines ressources de terre cuite, utilisées dans la fabrication de briques de tuiles.
La fin de l’abondance et la limitation des ressources
On sait aujourd’hui que la planète ne dispose pas de ressources infinies ; sa surface est limitée. Alors que les mines ont des impacts environnementaux bien souvent insoutenables, leur extraction demeure fortement énergivore. On estime qu’aujourd’hui, 10% de l’énergie mondiale est affecté à l’extraction des ressources minières : il faut extraire toujours plus loin, toujours plus profond, avec des engins encore plus puissants et dans des gisements de moins en moins « purs » dont il faut raffiner les minerais extraits.
Dans cette nouvelle ère où l’urgence climatique, les tensions économiques et les crispations politiques se font de plus en plus pressantes, l’accès inconditionnel, fluide et bon marché à des ressources qui se trouvent à l’autre bout du monde n’est définitivement plus garanti.
Lutter contre la raréfaction des ressources
Les derniers mois ont été marqués par des retards de chantiers dû à un approvisionnement de plus en plus long et aléatoire des matériaux. La crise sanitaire, la perturbation du trafic maritime mondial et la crise énergétique viennent amplifier l’inexorable raréfaction des ressources.
Notre écosystème entrepreneurial doit innover et participer à développer des solutions pour les bâtisseurs français qui souhaitent continuer à rénover et à construire au travers de matériaux et de ressources directement disponibles sur notre territoire.
Dans cet objectif, il faut changer de regard sur ce que le secteur appelait autrefois des déchets pour les considérer aujourd’hui comme des ressources. Une déconstruction sélective des bâtiments, pour prolonger le cycle de vie des matériaux par leur réemploi, constitue une solution écologique à ce problème. L’immeuble devient dès lors une mine urbaine, envisagé comme une banque de matériaux pour les projets de construction du territoire.