Des vendeurs tiers réclament 3 milliards d'euros à Amazon en Grande-Bretagne
Une action collective est sur le point d'être déposée en Grande-Bretagne auprès du Competition Appeal Tribunal. Elle devrait bénéficier à des centaines de milliers d'e-commerçants britanniques
Une action collective pour un montant évalué à plus de 2,5 milliards de livres sterling (soit près de 3 milliards d'euros) de dommages et intérêts contre Amazon est sur le point d'être déposée devant le Competition Appeal Tribunal, la juridiction britannique spécialisée en concurrence. Portée par le professeur Andreas Stephan, directeur de la faculté de droit de l'université d'East Anglia, en Angleterre, avec l'appui d'une véritable armada d'experts – Geradin Partners, Kieron Beal KC (Blackstone Chambers), Daniel Carall-Green et Hannah Bernstein (Fountain Court) et Frontier Economics – l'initiative est financée par le fonds Innsworth. Elle devrait bénéficier à tous les e-commerçants britanniques se servant de la plateforme depuis 2018, soit des centaines de milliers d'entreprises.
"Ces e-commerçants ont en commun le fait de vendre des produits sur Amazon. Dans certains cas, ces vendeurs sont en concurrence avec les produits qu'Amazon vend lui-même via Amazon Retail", explique au JDN l'avocat spécialisé en droit de la concurrence Damien Geradin. "Pour développer sa plateforme de commerce électronique, Amazon s'est engagé dans une série de stratégies visant à y enfermer les vendeurs, empêcher l'expansion de ses rivaux et à utiliser cette position privilégiée pour exploiter les e-commerçants qui s'en servent. J'intente cette action pour donner aux vendeurs du Royaume-Uni la possibilité qu'ils n'auraient peut-être pas autrement d'être indemnisés pour toutes ces pratiques déloyales", déclare dans un communiqué Andreas Stephan.
L'action se base sur les avis rendus par différentes autorités de régulation au Royaume-Uni, en Italie, dans l'Union européenne et aux États-Unis au sujet du traitement qu'Amazon réserve aux vendeurs tiers sur sa plateforme. "Ces régulateurs ont identifié des problèmes de concurrence liés à la position dominante d'Amazon et à son comportement sur le marché de la fourniture de services de marketplace pour l'e-commerce. Dans certains cas, ces régulateurs ont imposé des sanctions ou exigé des engagements de la part d'Amazon pour répondre à ces préoccupations", expliquent les auteurs de la plainte.
L'action du professeur Andreas Stephan cherche à démontrer un préjudice résultant de multiples abus de position dominante. "Par exemple, Amazon utilise les données dont la plateforme dispose sur ces vendeurs pour leur faire concurrence. Ces données lui permettent d'ajuster ses prix, ses quantités ou sa gamme de produits", illustre Damien Geradin. Toute une série d'astuces anti-concurrentielles qui ensemble auraient généré un manque à gagner et des préjudices de plus de 2,5 milliards de livres sterling aux e-commerçants britanniques sur six ans. L'obtention des fonds servant à financer l'initiative a été confirmée ce lundi 10 juin et le dépôt de la plainte est prévu pour "très prochainement".