Face à la crise, comment réduire de 70% sa consommation cloud
Via le FinOps et l'optimisation des dépenses en matière de IaaS et de PaaS, d'importantes marges de manœuvre financières existent.
Impactés par la hausse des prix de l'énergie, les cloud providers augmentent leurs tarifs. En France, c'est le cas d'OVHCloud et Scaleway qui accroissent tous deux leur prix de 10%. Quant aux fournisseurs de cloud américains, ils subissent l'explosion du dollar, qui est passé de 0,8 à 1 euro depuis le début de l'année. Résultat : une hausse mécanique de 16% de la facture pour leurs clients sur le Vieux Continent. Des clients qui sont par ailleurs confrontés à une inflation galopante, proche de 10% en Europe, des taux d'intérêt en progression et une consommation des ménages en baisse (lire l'article Vers un sérieux coup de froid sur le cloud cet hiver). La rationalisation des dépenses en matière de cloud devient plus que jamais prioritaire. Selon une étude du Gartner qui remonte à 2017, les entreprises n'ayant pas mis en place de plan de gestion des coûts sur ce terrain dépensent au moins 70% de plus que nécessaire, notamment compte tenu de la facilité de mise en œuvre de ce type de ressources IT.
Représentant un levier d'économies conséquent, le FinOps revient assez naturellement sur le devant de la scène. La mise en œuvre d'une telle démarche passe par quatre grandes étapes.
1. Faire un état des lieux des dépenses cloud
Première étape : dresser un état des lieux des ressources IT utilisées. Une phase qui passe par le taggage des services cloud pour déterminer les applications qu'ils prennent en charge ainsi que les départements et entités ciblées par ces applications. Partant de là, des tableaux de bord peuvent être définis pour suivre les dépenses métier par métier, avec à la clé différents niveaux de granularité : machines virtuelles, stockage, Database as a Service... Ce qui permet in fine de décortiquer les factures des providers.
Ensuite, tout l'enjeu est d'identifier les métriques budgétaires associées. Une start-up de location de trottinettes électriques qui opère son business dans le cloud pourra par exemple rapporter ses dépenses au nombre de trottinettes louées par mois. Pour bénéficier d'une vision financière globale, et notamment calculer le coût total de possession (TCO) des applications portées sur le cloud, il faudra ajouter l'enveloppe liée aux opérations informatiques, et plus précisément aux jours-hommes alloués au management des services cloud et applications qu'ils font tourner.
2. Appliquer des leviers technologiques d'optimisation financière
Une fois les tableaux de bord de pilotage déployés, plusieurs axes d'optimisation sont envisageables. Les indicateurs de consommation permettront évidemment d'ajuster le dimensionnement des ressources IT en fonction des besoins réel du terrain. Autre piste : adapter le type de souscription à l'activité ciblée. Dans le cas d'une application peu-critique impliquant des capacités de calcul relativement homogènes, sans pic de trafic, on pourra opter pour des instances réservées à l'avance qui donnent accès à des remises allant jusqu'à 70%.
Il s'agit de réaliser des analyses prédictives en comparant les coûts des différents choix d'architectures cloud possibles
Il sera par ailleurs intéressant financièrement de se tourner prioritairement vers certains services. C'est le cas notamment des CDN qui poussent les contenus web en frontière de réseau et évitent ainsi de solliciter les capacités de calcul des machines virtuelles. De même pour les offres de Function as a Service qui proposent un modèle très low cost. Toutes les applications ne sont cependant pas éligibles à ce type d'environnement (lire notre article 6 bonnes pratiques pour passer au serverless).
Last but not least, il est recommandé de faire appel aux dispositifs d'autoscaling des clouds publics. Objectif : automatiser le dimensionnement des ressources IT consommées en fonction du niveau d'utilisation des applications. Les clouds facturant les volumes de données sortant, il est en outre conseillé de réduire la dépendance des applications dans le cloud aux systèmes d'information sur site (on premise).
Reste à intégrer à la matrice d'optimisation les déploiements à venir. Dans cet optique, il s'agit de réaliser des analyses prédictives en comparant les coûts des différents choix d'architectures cloud possibles pour les futures applications, en mettant dans la balance leurs avantages et inconvénients à la fois techniques et business.
3. Définir une politique d'achat
Au-delà des leviers technologiques, l'optimisation des coûts du cloud passe également par la mise en œuvre d'un instrument financier : la politique d'achat. Une démarche qui est conditionnée par la définition au préalable d'une stratégie cloud claire. S'oriente-t-on vers le choix d'un cloud unique ou vers plusieurs clouds ? Dans ce second cas, comment se répartissent les applications entre les providers ? Plus globalement, de quels types de services managés ont-elles besoin ? Toutes ces questions permettront d'aboutir à la grille d'analyse nécessaire pour bâtir un sourcing cohérent.
Plus le volume de ressources consommées sera important chez un fournisseur, plus les marges de négociation des prix seront grandes. Autre avantage, la définition d'une politique achat sera l'occasion pour la DSI d'aligner ses applications en mode cloud sur des architectures standardisées, Docker et Kubernetes par exemple, permettant leur portage d'un cloud à l'autre. Plus l'architecture globale sera homogène, plus grand sera le potentiel de rationalisation des dépenses.
4. Se doter d'une gouvernance FinOps
Reste à mettre en place une structure en charge de piloter la démarche FinOps. Une gouvernance qui sera assez naturellement gérée par l'équipe en charge des finances de la DSI. Elle aura pour mission de co-créer la politique FinOps en lien avec le département achat, puis de déployer et réaliser le suivi du reporting.
A la tête de cette structure, un lead FinOps s'assurera de la mobilisation de l'ensemble des maillons de la chaîne. Le profil idéal ? Un architecte et expert du cloud avec une vue à 360° sur la fonction IT qui soit capable, dans le même temps, de parler à la fois le langage des métiers pour analyser leurs besoins et celui des contrôleurs financiers. Son principal défi ? Insuffler la culture FinOps à l'ensemble de la DSI pour que chacun, à son niveau, qu'il soit développeur ou en charge des opérations, mettent en œuvre les règles définies en matière d'optimisation des dépenses cloud.