Le mittelstand français est à nos portes, pourvu qu'on les lui ouvre.
Donnons les moyens nécessaires à nos ETI pour qu'elles disposent d'outils technologiques à la mesure de leur place dans l'économie française.
Dans un paysage économique façonné par le dynamisme des grandes entreprises et la fulgurance des start-ups, il est temps de porter un regard attentif sur un phénomène que l’on appellera "l’effet sablier" : d'un côté, des acteurs puissants ayant les ressources nécessaires pour absorber les chocs économiques, de l’autre, une pléthore de start-up aux mécanismes économiques avantageux. Si la "start-up nation" et le CAC40 brillent sous les feux de la rampe, les ETI françaises, étriquées au milieu du sablier, sont parfois négligées. Et pourtant, par leur poids significatif dans l'économie, elles sont les piliers sur lesquels repose notre société. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. À l’origine de 25% des emplois français et avec 75% des sites de productions en zone rurale ou dans les villes moyennes, elles contribuent non seulement à la vitalité économique du pays, mais aussi à l'identité de nos régions, avec leur ancrage historique au cœur des territoires.
Poumons de notre économie, elles évoluent malgré cela dans un environnement complexe où elles font face à une multiplicité de défis pour rester compétitives. Résolument françaises, dans leur production, leur investissement et leur recrutement, elles subissent un décalage à l’échelle mondiale, tant sur les taxes de production qu’elles assument que sur le coût du travail pour recruter les profils dont elles ont besoin. Alors que la transformation digitale frappe à leur porte, elles se trouvent à devoir faire des choix délicats entre le niveau de leurs dépenses et l’ampleur de leur ambition. Et pourtant, la transformation des ETI n’est-elle pas la clé de voûte des défis majeurs auxquels nous faisons face ? Transition écologique, réindustrialisation et souveraineté économique ne sont-elles que des notions utopistes au regard des leviers imaginés pour les autres compartiments du sablier ?
Aujourd'hui, un appel à l'action s'impose. Pour que nos ETI avancent sur un pied d'égalité avec les autres acteurs économiques, en France comme à l’international, il est essentiel de leur fournir les mêmes moyens que leur alter-ego. Pour être à la hauteur, elles doivent être capables de déployer une colonne vertébrale technologique robuste reposant notamment sur des modèles de données standardisées. Dans la continuité de la dynamique initiée par les politiques publiques actuelles, à l'image de la Stratégie Nation ETI, donnons les moyens nécessaires à nos ETI pour qu'elles disposent d’outils technologiques à la mesure de leur place dans l’économie.
Les solutions existent et sont accessibles. En France, d’abord, avec le plan d’investissement France 2030, mettant sur la table 54 milliards d’euros sur 5 ans pour investir dans les technologies innovantes et soutenir la transition écologique. À l’échelle européenne, ensuite, avec l’existence du fonds FEDER et son volet consacré à la transformation numérique des entreprises. Sous utilisés, ces dispositifs restent peu connus et difficiles d’accès. Il faut pouvoir lever les freins autour de l’allocation de ces ressources. Premièrement, il faut renforcer la communication autour de ces dispositifs afin qu’ils soient connus du plus grand nombre. Deuxièmement, à l’instar du dispositif ETIncelles annoncé pour les PME, il faut simplifier les procédures en réduisant le nombre d’interlocuteurs ainsi que le nombre d’étapes nécessaires au déblocage des fonds. Parier sur nos ETI, c’est renforcer l’architecture économique de notre tissu social, sur l’ensemble des territoires.