Comparatif du stockage en ligne : OneDrive de Microsoft prend l'ascendant
Depuis la crise sanitaire, les plateformes de stockage et de partage de fichiers en mode cloud de Microsoft, Google et Dropbox sont devenues plus que jamais incontournables. Etat des lieux des forces en présence.
Si le concept de "drive" a maintenant plus d'une quinzaine d'année avec le lancement du pionnier Dropbox, il aura connu sa consécration avec la crise sanitaire. Lors des périodes de confinement, les entreprises se sont largement appuyées sur les solutions de stockage en ligne comme Google Drive et OneDrive pour maintenir leur activité. Dans l'organisation du travail en mode hybride qui a suivi la pandémie, les drives restent un support essentiel à la collaboration à distance en assurant la synchronisation des fichiers partagés. En situation de mobilité, depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable, le collaborateur est assuré d'accéder à la dernière version en date du document.
Alors que les drives ont connu leur premier essor avec des collaborateurs qui, sous le radar de la DSI, trouvaient plus facile de transférer des fichiers en ligne que via une clé USB ou un serveur partagé, les éditeurs proposent aujourd'hui des garde-fous techniques pour limiter le risque de fuite de données. L'hébergement de fichiers dans le cloud constitue même un dispositif de sauvegarde dans le cadre d'un plan de continuité d'activité. Pour autant, les ténors de ce marché sont tous américains et donc soumis aux lois extraterritoriales (FISA, Patriot Act, Cloud Act). Il existe des solutions alternatives souveraines proposées par les Français Oodrive, Leviia, Whaller ou Talkspirit. Parmi tous ces acteurs, Microsoft est celui qui parvient le mieux à tirer son épingle du jeu.
Google Drive | Microsoft OneDrive | Dropbox | |
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Date de lancement | 2012 | 2014 | 2007 |
Espace de stockage par utilisateur (par défaut) | 2 To | 1 To | 2 To |
Taille maximale de chargement de fichier | 50 Mo Google Docs, 100 Mo Google Sides, 5 To autres fichiers | 250 Go | 2 To avec l'application desktop |
Délai de récupération d'un fichier supprimé | Jusqu'à 25 jours | Jusqu'à 30 jours | Jusqu'à 30 jours |
Chiffrement en transit et au repos | X | X | X |
Apport IA | X (Workspace Labs) |
X | X (version bêta) |
Offre gratuite | 15 Go | 5 Go | 2 Go |
Tarification (par utilisateur et par mois, HT) | A partir de 11,50 euros (Business Standard) | A partir de 4,70 euros, OneDrive Entreprise (plan 1) | A partie de 12 euros (Business) |
Google Drive : la simplicité au service de l'efficacité
Lancé en 2012, Google Drive s'est rapidement imposé comme l'une des solutions de stockage cloud les plus populaires au monde en proposant un espace gratuit de 15 Go. Il suffit d'avoir un compte Gmail pour en bénéficier. Le service compterait pas moins de 3 milliards d'utilisateurs selon Earthweb. Comme tout service Google, Drive joue la carte de la simplicité en masquant la richesse fonctionnelle derrière la sobriété de son interface. S'il s'intègre nativement aux applications Docs, Sheets et Slides de la suite collaborative Google Workspace, Drive permet aussi de co-éditer des documents Microsoft Office (Word, Excel et PowerPoint) ou de partager des PDF, des feuilles de calcul, des fichiers de CAO, des images ou des vidéos.
Drive est disponible depuis n'importe quel navigateur web ou via une application dédiée (Windows, macOS, iOS ou Android). Si Google propose différents niveaux de protection comme la possibilité de verrouiller un fichier, il convient de s'assurer qu'ils sont bien appliqués. Sur environ 6,5 millions de fichiers Google Drive analysés par l'éditeur spécialisé Metomic plus de 40% contiennent des informations sensibles exposant les organisations à des risques de violation de données et de cyberattaques.
Drive bénéficie de mises à jour régulières. Fin avril, Google facilitait la navigation dans les fichiers à partir des premières lettres de leurs noms. Un peu plus tôt, le géant du numérique avait introduit la signature électronique pour les abonnés de Workspace Individual, le mode sombre ou le partage facilité de fichiers Google Drive avec les participants à une réunion Google Agenda.
Depuis la mise à jour du 1er mars, les vidéos importées dans Google Drive peuvent être visionnées dans une résolution plus ou moins élevée en fonction de la qualité du réseau local. La recherche a été aussi améliorée sur iOS et Android en rendant accessibles plusieurs catégories de filtres (type de fichier, dernière modification, nom du propriétaire...) directement sous la barre de recherche.
Mais c'est bien sûr l'introduction de Gemini qui devrait apporter une vraie plus-value à Google Drive. L'IA générative maison permet déjà aux équipes informatiques d'identifier, de classer et d'étiqueter automatiquement les fichiers sensibles de leur l'organisation, afin de leur apporter le niveau de protection adéquat. Pour cela, l'IA est entraînée sur des exemples de contenus évalués comme confidentiels.
OneDrive refond son interface et s'adjoint un Copilot
Connu anciennement sous le nom de Live Folders puis de SkyDrive, le service de Microsoft a officiellement pris le nom de OneDrive il y a dix ans. Au fil du temps, la plateforme de stockage et de partage de fichiers est devenue une brique essentielle de Windows s'intégrant nativement au système d'exploitation. Documents bureautiques, photos, vidéos... OneDrive héberge dans le cloud tout type de fichier. La synchronisation s'opère en toile de fond, sans intervention de l'utilisateur. Selon Microsoft, OneDrive hébergerait près de 2 milliards de fichiers supplémentaires chaque jour.
Il suffit d'un compte Microsoft pour bénéficier d'un espace de stockage gratuit de 5 Go. Si OneDrive est avant tout pensé pour l'écosystème collaboratif de Microsoft, il est, comme pour Google Drive, disponible dans les environnements macOS, Android et iOS via des applications dédiées. Mais, à la différence du service de Google, il n'est pas toujours simple pour l'utilisateur de savoir si les fichiers stockés en local sont bien sauvegardés automatiquement dans le cloud de Microsoft, les différents statuts prêtant à confusion.
Depuis notre précédent comparatif, publié il y a deux ans, Microsoft semble néanmoins avoir pris l'ascendant sur ses concurrents. L'éditeur américain a, de fait, fortement investi dans OneDrive. En octobre dernier, il présentait "la nouvelle génération" de son service de stockage dans le cloud. L'interface a été repensée pour faciliter l'accès aux fichiers. Différentes vues sont proposées pour ranger les documents liés à des réunions ou à des personnes avec qui vous les avez partagés. Un système de couleurs de dossiers et de favoris facilite aussi ce classement. En haut de la page d'accueil de OneDrive, on trouve les fichiers recommandés par l'IA.
Avec l'application OneDrive Teams, Microsoft offre par ailleurs un accès à tous les fichiers SharePoint et OneDrive à partir de Teams. L'éditeur a aussi ajouté OneDrive dans Outlook (version Windows ou web) pour copier un lien de partage et de l'inclure dans un e-mail sans quitter la messagerie.
Par ailleurs, la firme de Redmond propose désormais un mode hors ligne qui permet de travailler sur ses fichiers dans un navigateur. Les modifications apportées hors ligne dans le navigateur seront automatiquement synchronisées avec OneDrive lorsque la connexion internet sera rétablie. Toujours en mode hors ligne, il est possible de lancer OneDrive pour trier, renommer, déplacer, copier et supprimer des fichiers.
En termes de sécurité et de gouvernance, Microsoft affine sa politique d'accès en ajoutant l'authentification multifactorielle ou en restreignant l'accès à OneDrive aux membres d'un groupe de sécurité spécifique. Un administrateur peut aussi bloquer le téléchargement de fichiers et d'enregistrements de réunions Teams à partir de OneDrive. De façon granulaire, il peut aussi identifier les modèles de collaboration et de partage au niveau d'un utilisateur.
Bien sûr, Microsoft ne pouvait faire l'impasse sur Copilot désormais intégré aux fichiers SharePoint et OneDrive. Pour quels apports ? Les abonnés à l'IA maison peuvent poser des questions ouvertes liées à un fichier individuel ou obtenir un résumé du contenu. Et déjà sur son blog, Microsoft imagine la suite. Si vous demandez à afficher tous les fichiers liés à un projet donné, Copilot suggérera d'autres documents ne faisant pas partie de votre recherche initiale.
Copilot permettra de générer des résumés à inclure dans les liens de partage pour donner plus de contexte à ses collègues. L'assistant intelligent fera, enfin, une synthèse quotidienne sur les nouveaux fichiers partagés, les modifications apportées ou les documents pertinents à produire pour les réunions à venir.
Dropbox, le pionnier s'accroche
Avec son service lancé en 2007, Dropbox a ouvert le marché du stockage et du partage de fichiers dans le cloud. Si l'éditeur californien n'a pas la force de frappe de ses deux grands rivaux, il tente, en bon pure player, de compenser par sa richesse fonctionnelle et sa capacité d'innovation. Revendiquant plus de 700 millions d'utilisateurs, Dropbox propose différentes solutions connexes à son cœur de métier comme la sauvegarde automatisée avec Backup, la création multimédia avec Replay, le travail d'équipe avec Capture ou l'analyse statistique de contenus en ligne avec DocSend. L'éditeur propose aussi des solutions verticales par fonction (vente, marketing, IT, RH...) ou secteur d'activité.
En termes de sécurité, Dropbox a récemment fait l'objet d'un bad buzz. Le 24 avril 2024, l'éditeur faisait savoir que sa solution de signature électronique Sign avait fait l'objet d'un piratage. Les cybercriminels auraient eu accès à des tokens, des clés d'authentification, des mots de passe hachés et des informations clients. Dropbox n'a pas mis beaucoup de temps à réagir en annonçant sa version Spring 2024, avec à la clés le chiffrement de bout en bout des dossiers d'équipe, de façon native et sans ajout de solution additionnelle.
La console d'administration a, par ailleurs, été améliorée pour mieux gérer les invitations à partir d'un tableau de bord central, accéder aux informations liées à la sécurité, la confidentialité et la conformité. Elle permet de lancer plus facilement des examens internes et des audits d'évaluation des risques.
Pour échanger des informations confidentielles avec l'extérieur lors de la signature d'un contrat ou d'une opération de due-diligence, Dropbox a créé un espace sécurisé, baptisé DocSend Advanced Data Rooms, qui réunit les différentes parties prenantes. La création d'une data room comprend des mécanismes d'autorisation et de vérification de l'identité des participants.
Enfin, Dropbox met aussi son petit grain d'IA. En version bêta et disponible uniquement en anglais, Dropbox Dash permet d'organiser, de rechercher et d'analyser des contenus ou d'en faire un résumé. Cette IA se connecte à plus de 20 outils et applications dont Microsoft OneNote et Zendesk.