CDO, le chef d'orchestre de l'entreprise data-centric
La mise en place d'une stratégie data-centric incombe au chief data officer, dont la mission est de développer des cas d'usage répondant aux objectifs des métiers, et de mettre en œuvre une marketplace data interne.
Bien que les décideurs considèrent, depuis plusieurs années, la donnée comme un actif stratégique, le développement d'une organisation data-centric reste non prioritaire. Une stratégie qui leur interdit de bénéficier pleinement du potentiel de valeur de la donnée pour développer de nombreux cas d’usage : aide à la prise de décision, connaissance clients et amélioration de la qualité des services, gestion des risques, automatisation de tâches, optimisation de process, outils de prédictions, etc. La mise en place d’une stratégie data-centric incombe au chief data officer (CDO), dont la mission est de développer des cas d’usage répondant aux objectifs des métiers, et de mettre en œuvre une marketplace data interne.
Si les décideurs sont, depuis quelques années, convaincus du potentiel de valeur de la donnée, ils ont, en revanche, adopté des attitudes réticentes face aux investissements financiers et organisationnels nécessaires à l’élaboration d’une vraie culture de la data. C’est ce que révèle l’enquête Odoxa, dans laquelle 66% des décideurs interrogés confient que la démocratisation de la data est un sujet non prioritaire. Et pour cause. Non seulement le ROI des projets centrés sur la donnée est plus long à obtenir que celui des progiciels métiers, mais ils nécessitent aussi de mettre en place une stratégie data-centric.
Toutefois, l'arrivée massive sur le marché de l’IA et l’IA générative - technologie basée sur la data- pourrait bien changer la donne et accélérer (enfin) la démocratisation de la donnée dans les entreprises.
Favoriser la centralisation des données pour éviter l’effet silos
Si les CEOs ont compris que grâce à la donnée -à son accessibilité, sa qualité, son partage et sa large utilisation-, il leur est permis de mieux connaître et cibler leurs clients, de prendre de meilleures décisions, de créer de nouveaux produits et services ou de réduire les coûts d’exploitation et maintenance des installations, ils ont jusqu’à présent déployé des projets focalisés sur la seule prise de décision et le pilotage. Or, si la valeur produite par ces cas d’usage, notamment lorsqu’ils s’industrialisent ou intègrent le temps réel et le prédictif, est indéniable, elle reste bien inférieure à la valeur produite par la multitude de cas d’usage opérationnels : développement de nouveaux produits ou services, ciblage de clients, gestion des risques ou automatisation de process réducteurs de coûts.
Il est temps que les décideurs prennent conscience qu’un projet centré sur la donnée nécessite un vrai changement de paradigme dans le pilotage et l’exécution de la data. Il ne suffit pas de déléguer l’implémentation d’une telle stratégie aux seuls spécialistes (comme ils l’ont fait avec l’IT et le digital) ou de recruter un chef d’orchestre. Il faut qu’ils s’impliquent, qu’ils deviennent acteurs de la collecte, de la mise en œuvre et du maintien en qualité de la donnée, de sa gouvernance et de ses usages. L’organisation doit opérer un vrai changement culturel. Aujourd'hui le manque d’adoption du sujet de la donnée par le middle management et les collaborateurs, nuit à sa qualité au point de bloquer de nombreux cas d’usages producteurs de valeur. De surcroît, à l’échelon managérial, certaines habitudes contraires à ce besoin de transformation des modes de travail sont encore bien ancrées tel le non-partage de la donnée (« puisque la donnée a de la valeur, je ne vois pas pourquoi je la partagerais pour que d’autres en tire de la valeur, même si je n’en fais rien, etc ».). Pour briser ces silos, une prise de conscience collective est indispensable sur les bénéfices de la data et le risque à ne pas la partager comparé au supposé "pouvoir" de la propriété des données. Cette approche stratégique est indissociable de la mise en place d’un guichet unique de la donnée. Véritable plateforme de self-service, ce portail centralisateur, réducteur de temps et de coûts, favorise le partage de la donnée à tous les collaborateurs, experts ou non, digital natives ou non.
Le CDO, indispensable au déploiement d’une stratégie data-centric
Une stratégie centrée sur la data requiert un chef d’orchestre. Responsable du traitement, de la gestion, de la qualité et de la gouvernance de la donnée, le Chief Data Officer ou CDO est là pour démocratiser et insuffler comme normalité l’utilisation de la donnée à l’ensemble des collaborateurs. Dans cette démarche, qui impose de repenser l’organisation de l’entreprise et l’investissement de toutes les directions métiers, le CDO doit être soutenu par le Comex. Rattaché au niveau Corporate, le CDO possède une vision globale de la transformation data et peut plus aisément influencer le Comex. Positionné au sein de la DSI, il est plus proche des besoins opérationnels du business mais s'éloigne potentiellement de la vision globale au niveau Comex. Pour autant, quel que soit son positionnement, le leader data doit être en capacité d’agir sur tous les freins et points de blocage au développement d’une stratégie data-centric. Ainsi, il doit tout mettre en œuvre pour surmonter les difficultés et relever les défis permettant aux entreprises de bénéficier pleinement de toute la valeur des données aujourd’hui disponibles.
L’IA générative favorise l’usage des données en entreprise
Avec l’arrivée de l’IA et l’IA générative, deux technologies hautement data-centric, les entreprises ne peuvent plus faire l’économie de la data. Plus que jamais une approche holistique traitant la stratégie, la valeur, la culture, les cas d’usage, la technologie et les compétences est essentielle. Il faut l’adopter, la revendiquer. Pour cela le CDO doit centrer sa parole sur le « pourquoi » plus que sur le « comment ». Profitant de l'IA, il doit porter des messages de création de valeur grâce au développement de nouveaux revenus ou à la réduction de coûts via l’utilisation de la donnée. Il doit aussi fournir toujours plus de visibilité aux cas d’usage pour que s’imprime l’importance de la donnée dans l’esprit de chaque collaborateur.
La promesse de départ de devenir une data-driven company et d’être data-centric ne doit pas être abandonnée. Au contraire, elle doit être réactivée avec force grâce notamment à l’avènement de l’intelligence artificielle dans le quotidien de tout utilisateur. Le CDO n’a pas vocation à se muer en « Chief AI Officer », mais il est de sa responsabilité d’appréhender les 2 facettes de la data pour l’IA et de l’IA pour la data. La valeur de la data doit, plus que jamais être au centre des stratégies d’entreprise car il n’y a pas d’IA utile sans data.
Il y a donc fort à parier que c’est de cette révolution des usages grâce à l’IA générative que viendra la concrétisation de la démocratisation de la donnée.